Si on pouvait écrire à Martha, ce personnage principal du nouveau projet épistolaire de Marie Laberge intitulé Des nouvelles de Martha, voici ce que j’aurais à lui dire:
Chère Martha,
Au début de ton aventure, lire tes lettres était un plaisir; une activité qui me relaxait pendant quelques minutes bien assis dans mon canapé. J’ai appris différentes choses sur toi, sur tes enfants, ton passé et le monde qui t’entoure.
Tes lettres de quelques pages que je recevais par la poste me faisaient focaliser sur autre chose que l’ordinateur qui constituait mon principal outil de travail. Cela me faisait du bien et j’anticipais ce qui t’arriverait dans les autres lettres.
Au début, j’avoue que j’aurais aimé qu’elles soient plus fréquentes. Deux semaines, c’est parfois long, surtout quand le facteur semble prendre plus de vacances qu’il devrait le faire.
Puis les choses se sont bousculées. J’ai été très occupé par mes études et les préparatifs de mon déménagement. De ton côté, on aurait dit que tu rapportais les mêmes nouvelles qu’auparavant, mais à une fête différente, le tout coordonné en fonction de ton travail de fleuriste.
J’aurais aimé que tu me racontes autre chose que tes histoires avec ce Marcel ou les problèmes de tes enfants. Toute cette routine a fait en sorte que j’ai lentement délaissé tes lettres.
La frénésie du départ s’est transformée en une pile de lettres non ouvertes sur le coin de mon bureau. Oui j’adore ton écriture et ton style, mais j’ai totalement décroché de ton récit, comme un roman que l’on n’aime pas.
Peut-être que je suis trop jeune (et un homme) pour entendre ce que tu as à dire, mais des femmes de ton âge ne sont guère plus accrochées que moi. Sur le Web, on ne trouve pas beaucoup de commentaires élogieux à ton égard.
Je ne veux pas qu’il t’arrive un malheur pour pouvoir mettre du piquant à ton histoire. Cependant, on est en droit de s’attendre davantage d’un personnage littéraire à qui il peut arriver n’importe quoi et à qui on a donné 33$ (et on est 41 000!)
Pourtant, celle qui t’inspire n’a pas l’habitude de me déplaire. Je suis encore touché par ton roman Annabelle que j’ai lu en cinquième secondaire. Mais entre ce qui arrive à Martha et ce qui est arrivé à Annabelle, il y a une sacrée différence.
Je vais quand même lire toutes tes lettres (quand j’aurai du temps à presque perdre), car l’idée de raconter quelque chose dans vingt-six lettres à l’ère du numérique est tout à fait géniale.
J’espère recevoir des nouvelles «différentes» de Martha bientôt.
David
Cher David,
J’aurais bien aimé que tu ne perdes pas ton temps à lire des lettres qui ne s’adressent nullement à toi. Au fait, si je comprends bien, tu as poursuivi malgré ton entêtement.
D’accord David, mon courriel ne t’intéresse pas non plus. J’ai entendu dire qu’il existe toujours des trous noirs à explorer, vas-y ça m’intéresse!
À vrai dire, je n’ai pas continué la lecture des lettres depuis la rédaction de ce billet. Des gens dans mon entourage sont aussi abonnés et leurs résumés ponctuels sont — malheureusement — suffisants.